Chant lointain ...[Libre une personne maxi]

Iris s'avançait ... Lentement, comme à son habitude . Et le temps passait . Et le temps empirait sûrement bien qu'à l'allure feutrée d'une petite tortue . La matinée était douce, agréable . Une plaine délimitée par des escarpements rocheux formait le paysage lui tendant les bras actuellement . L'herbe d'un vert tendre crissait étrangement sous le pas . Le chant lointain et pur d'un rossignol s'élevait, invisible . Légères et envolées, les notes montaient vers l'azur céleste . Le coeur envahi par un sourd malaise mêlé d'un rare bonheur, deux émotions si contradictoires, la jeune fille s'assit sur une large pierre blanche, plate et garnie d'une mousse émeraude . Une pomme au creux de la paume, rouge et brillante, attirant le regard, elle resta là, à penser .

Ce fruit serait son seul repas, unique aliment pour rassasier la fringale absente et résolument compagne de cette pure vagabonde . Les yeux perdus dans le si vaste horizon qu'offrait le futur . Mais un futur, comment le construire ? Comment repartir de zéro ... Son passé manquant à l'appel ? Une silhouette sortit peu à peu du couvert des arbres . Aussitôt, les nuages purent admirer le total changement d'Iris . Ses yeux verts se chargèrent de noisette, sa chevelure de brun foncé, également ... Les contours de sa bouche se firent plus harmonieux qu'ils ne pouvaient l'être mais plus communs également ... Leur teinte au contraire se dilua . Son ossature déjà délicate diminua . On aurait dit une toute jeune fille ... Et la couleur de ses ailes, pour l'oeil qui s'y posait, balançait entre le gris et le blanc . Parfait . L'étranger pourrait venir !

Evacuant les fourrés, Daphnee sentait une présence, mais pas n'importe laquelle. Une ou un sorte de congènère, rien à craindre en fin de compte. Le seul défaut était le paysage, impossible de localiser l'inconnu(e) parmis les hautes herbes vertes qui ondulaient sur le sol. Daphnee invoqua son esprit de dragon et lui emprinta sa vue d'un immense contraste. En quelques secondes, la silhouette, dessinée par des couleurs chaudes, signifiant sa température, lui indiquait sa posture.

Elle surgit du bosquet, en prenant soins, toutefois, de dégainer son arme. Elle se trouva face à une enfant lui arrivant à une demi-tête de moins qu'elle. A sa surprise, elle paraissait innocente et préfera retrousser son sabre. La jeune fille était tout ce qu'il y avait de plus mignon, avec un joli minois. Son corps, fin et droit, sa peau délicate et velouté, une belle femme. Daphnee avait un sourire discret aux lèvres, presque invisible qui disparut aussitôt. Elle devait garder son sérieux devant tout intrus. Etant une élève d'un maître d'armes, du nom d'Edwin d'une vingtaine d'année, celui-ci lui avait enseigné le maniement de l'épée, de l'arc, ainsi que le "mano a mano", assez pratique lorsque l'on est désarmé.

Elle ne bougeait plus, mais posa une question typique d'une rencontre :

- Qui es-tu ?

Iris, qui toute jeune déjà avait cultivé un talent d'actrice inimitable, mais requérant une attention pénible de chaque instant, s'avança . Son timbre plus fluet et clair, elle déclara, mentant sciemment ;

Loyam ... Et vous ? Je suis ici depuis un moment ... Je n'ai pas de foyer ... Et ce paysage sauvage est mon unique logis .

Et à la réflexion ... Non, seul le premier mot de la première phrase était faux . Le reste, tout ce qu'il y a de plus véridique ! L'inconnue avait, se rendant compte de sa présence, extirpé un long sabre à la lame puissante et effilée ... Qu'elle avait rentré presqu'immédiatement en la distinguant . Tâche, il faut le dire, pénible ... La houle des hautes herbes encore vertes et tendres recelait plus de caches qu'il n'y paraissait ! Et cette jeune femme n'était pas en position de faiblesse ... Loin de là !!

°Ah ... Comme j'aimerais pouvoir rester libre ... Ce sentiment m'enivre tant qu'il m'est impossible d'en découdre ...°

Daphnee resta de marbre devant "l'enfant", elle caressait avec un demi-sourire carnassier, son poignard. Elle appréciait la présence de ses armes. Sans ça, elle avait l'impression d'être nue.Comme un oiseau sans plume, un scarabé sans carapace, un chat sans queue, sans moustaches, sans pelage.

- Loyam ... Et vous ? Je suis ici depuis un moment ... Je n'ai pas de foyer ... Et ce paysage sauvage est mon unique logis .

La femme appuya ses mains sur les hanches et contempla les horizons. Elle approuva d'un signe de tête :

- En effet, c'est très paisible ici. Mais, ça manque d'actions. Je ne dirais pas non à un petit combat... Même avec un tigre des prairies, ça reste un adversaire...Doué, de surcroît.

Elle pivota sur elle-même et s'excusa :

- Mais j'en oublie de me présenter. Je m'appelle Daphnee Elithandar, ne vous fiez pas à mes armes, ce n'est que par simple sécurité...Et accessoires de ma profession.

Je suis navrée de partir aussi vite, mais, je ne peux rester ici indéfiniment.

La femme s'avançea vers une falaise, donnant la vue sur un canyon, bondit pour se rattraper sur les parois de la montagne, et la descendit en toute tranquilité... Puis, elle disparut.

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